
Destiné aux jeunes et aux moins jeunes, ce livre se distingue par l’originalité de son format avec une version écrite, richement illustrée, doublée d’une lecture audio accessible en scannant le QR code.
La Presse — La librairie Al Kitab à La Marsa a accueilli le 11 juin une séance de présentation et de dédicaces de «L’odyssée de Tamra», une œuvre signée Issam Marzouki. Ce livre se distingue par l’originalité de son format. Il est destiné aux jeunes et aux moins jeunes, avec une version écrite, richement illustrée, doublée d’une lecture audio accessible en scannant le QR code. La maison d’édition «La voix du livre», fondée par Zakia Bouassida, a misé sur ce style afin d’élargir son public cible et de s’aligner aux tendances du marché international.
Un animal de compagnie au centre du récit
Docteur en littérature française et ancien chef de département à l’Institut supérieur des langues de Tunis, Issam Marzouki est célèbre pour ses écrits ainsi que pour les pièces de théâtre radiophoniques et les chroniques qu’il continue à animer. S’il a démontré un attrait pour la littérature de jeunesse depuis des décennies, cet engouement remonte à son enfance.
«Ma mère me demandait d’occuper mes frères en leur racontant des histoires, ce qui a déterminé mon intérêt pour le récit», nous a-t-il expliqué. Il a, en effet, commencé à écrire très jeune, empruntant largement à ses lectures de divers horizons. Jules Vernes l’a particulièrement marqué, au point d’en faire le noyau de ses travaux de recherche. Issam Marzouki a publié de nombreux contes pour enfants tout au long de sa carrière. «Le Robinson tunisien», «Kabir, l’éléphanteau de Carthage et autres contes», «Le Vampire de Ain Draham» et bien d’autres titres sont écoulés à des milliers d’exemplaires. Ce que ces livres ont de spécial, en plus du volet didactique, c’est qu’il a conçu des récits dont les personnages sont tunisiens, vivant leurs aventures dans un milieu tunisien.
Dans «L’odyssée de Tamra», le protagoniste humain s’appelle «Mouldi», un nom qui n’est plus commun pour la jeune génération. «Nous avons opté pour un nom profondément tunisien et nous souhaitons que l’histoire de Mouldi soit exportée dans divers pays avec cette marque tunisienne», nous explique l’éditrice Zakia Bouassida. Quant à Tamra, ce nom désigne une chienne de race bédouine, communément désignée par chien «arbi».
Séparée de ses propriétaires, elle traverse 350 km du nord au sud du pays en faisant preuve de fidélité et de persévérance tout au long du récit. Le trajet a été jalonné de périples afin de retrouver son maître Mouldi auquel elle est fortement attachée. L’écrivain a tenu à «focaliser sur le regard du chien sur le monde, faire de l’animal un personnage à part entière avec des sentiments».
D’ailleurs, il a déjà publié un roman d’anticipation dont les personnages sont des animaux tunisiens vivant au futur. En grand randonneur, le thème de la nature est alors fortement présent dans tous ses écrits, avec l’intention de susciter «un intérêt pour la faune et la flore intimement lié à la découverte de la lecture chez les enfants», comme il l’a souligné en présentant le livre.
Un format innovant
Fondée en 2021, la maison d’édition «La voix du livre» s’est spécialisée dans les livres audio. Ce n’est qu’en 2025 qu’elle s’est lancée dans la version papier. D’ailleurs, une bande dessinée autour de l’écologie créée par Nada Dagdoug paraîtra bientôt. Pour «L’odyssée de Tamra», les éditeurs ont fait appel à l’Atelier Izotop.
Un grand intérêt a été attribué à la dimension esthétique de la couverture, premier point de contact visuel qui influence le lecteur et donne envie de découvrir l’ouvrage. Le livre est doté d’une couverture cartonnée rigide qui lui confère à la fois solidité et élégance. Les dessinateurs Helmi Bardaa et Molka Braiek ont fait un travail minutieux pour créer des illustrations fidèles au paysage concret.
Pour cela, Molka Braiek a expliqué au public qu’ils ont eu recours à Google Earth pour le cadre naturel ainsi qu’à des encyclopédies afin de reproduire des images des animaux cités dans le récit. Le caracal, le porc-épic et même la chienne dans ses positions diverses apparaissent dans le livre plus réalistes que jamais. De plus, le livre inclut une version audio avec la voix de la journaliste et universitaire Ahlem Ghayaza.
Des éléments acoustiques ont été incorporés avec des bruits, des aboiements pour un effet qui se rapproche d’une bande sonore pour le cinéma. Ce format redéfinit le rapport au texte en introduisant le plaisir d’écoute qui enrichit l’expérience littéraire. En s’immergeant dans l’histoire, elle devient plus vivante, plus captivante. De plus, il démocratise l’accès à la lecture en jouant un rôle culturel essentiel, notamment auprès des publics empêchés de lire.